« Sujet : « Je suis actuellement en 1ère année de psychologie et ça ne me plaît pas trop ». J’ai déjà perdu une année l’an dernier lorsque j’avais opté pour des études de langues. Je suis perdue… » ; « Sujet : « Cas désespéré prépa après Bac +1″.  J’ai eu mon bac S avec mention bien […] j’ai choisi la fac et maintenant je me trouve en licence M.A.S.S. (Licence Mathématiques Appliquées et Sciences Sociale) avec une sérieuse démotivation, […] je veux désormais aller en prépa, […] je préfère bosser plutôt que de perdre mon temps. » ; « Sujet « Que faire après un bac +1 en France ?!!! ». J’ai besoin de votre aide ! Je viens d’avoir mon Bac option sciences physiques […] avec une moyenne de 15.76 […] Je voulais m’inscrire dans des écoles publiques qui sont en relation avec le commerce, mais je n’ai pas été admise (la liste d’attente) […] j’ai fait la fac de Casablanca option éco et gestion mais je n’ai pas aimé ce genre d’études (prof qui s’absentent et ces trucs-là) […]. J’ai vraiment besoin de réponses parce que là je vois que tout ce que j’ai fait se détruit devant moi… »  

Dans la jungle de l’orientation post Bac

Il suffit de s’arrêter sur les forums de discussions pour mesurer le degré de doute que ressentent les jeunes face à leur orientation. Après des années de relatif confort dans le cadre scolaire, la sortie du lycée peut être vécue pour nombre d’entre eux comme ce moment de vide qu’un détenu ressent une fois le portail de la prison fermé derrière lui (toute proportion gardée) : lâchés à la liberté, ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de reprendre l’entreprise familiale ou d’hériter la fortune d’un aïeul (laquelle aura tout autant ses limites, ne serait-ce que celles de l’intérêt) n’ont plus que le choix de s’interroger activement sur la meilleure direction à emprunter pour leur avenir.

Taupins, taupines, futurs ex étudiants

Dans un article du Monde datant du 11 février 2011 (« Prépas, objectif grandes écoles »), on s’interrogeait sur le désintérêt croissant des bacheliers pour les grandes écoles, en constatant qu’il affectait surtout les prépas économiques, commerciales et scientifiques au contraire des prépas littéraires qui, elles, progressaient. Menace accrue du chômage oblige, les jeunes bacheliers sont néanmoins nombreux à privilégier des carrières dites « sûres » et optent pour les C.P.G.E. (classes préparatoires aux grandes écoles)… en espérant qu’elles leur permettront de décrocher le concours convoité. Au sujet de la réorientation professionnelle, Libération a récemment interrogé trois jeunes sur les raisons qui les ont poussés à se réorienter, dans un article « Que faire avec un Bac + rien ?« 

Pour tous ces actifs en devenir, qu’ils soient étudiants actuellement ou futurs taupins (élèves de classe préparatoire scientifique), c’est l’inconnu. Les questions se bousculent dans l’esprit de chacun, préparé depuis toujours à cette sentence honnie : « Passe ton Bac d’abord ! ». Oui, mais après ? Que se passera-t-il après le Bac ? Il faut remédier à ces questions au plus vite car l’urgence de « gagner sa vie » se fait pressante. « Quel sera le bon cursus ? Quelle sera la bonne école ? Faut-il aller en fac et m’engager dans des études longues qui me destineront à la recherche ou l’enseignement ou privilégier une prépa ? Mais si j’échoue au concours, que ferai-je au bout de deux ans sans diplôme ? De l’I.U.P. ou du D.U.T, lequel sera le meilleur pour mon avenir ? À moins que je ne choisisse un B.T.S., ou que je n’intègre une école spécialisée ? Ces formations me coûteront-elles cher ? Me permettront-elles de trouver un travail à la mesure de mes rêves ? Comment ferai-je si je n’obtiens pas de bourse ? »

Combien nous, adultes, mesurons la difficulté d’avoir 20 ans en 2012 !

Faux départ

Nous avions déjà abordé la question de l’intérêt d’avoir un diplôme pour un jeune dans l’article « A quoi sert un diplôme aujourd’hui ? » : la nouvelle génération est tellement acculée à la machine Économie qu’elle doit faire le choix pertinent qui impliquera son avenir, tout en minimisant les risques d’échec, car chaque année perdue est une année qui pèse dans le budget familial.

L’orientation professionnelle est déterminante, mais de quelle façon – alors qu’on ne sait comment se figurer ce « monde du travail » dont toute la société parle – savoir si l’option qu’on a prise, est la bonne ?

Heureusement, de nombreux outils existent pour aider les jeunes à se faire une idée de ce qui les attend : les Salons professionnels en tête (le Salon de l’Etudiant ouvrira ses portes à Paris du 9 au 11 mars prochain ; le Salon de l’Orientation, qui vient de se tenir en novembre dernier ; les Salons Studyrama, organisés partout en France, etc.), mais aussi Internet bien sûr, sur lequel les jeunes pourront trouver toutes les infos dont ils ont besoin et surtout échanger leurs impressions et expériences grâce aux forums.

Bien orientés, grâce à nous tous.

La quête de la bonne orientation relève non seulement de la nécessité future à assumer son existence matérielle mais aussi de l’accomplissement personnel. Même si on ne s’implique plus à vie dans une entreprise comme le faisaient les anciennes générations, savoir concrètement où on va mettre les pieds est indispensable pour s’assurer de ne pas faire le mauvais choix que l’on aura tant de mal à rectifier. Que faire si on s’engage pour une école de commerce poussé par la peur des parents qu’on ne trouve pas de travail, alors qu’on a toujours rêvé d’une école d’Art ? Exercer un métier par contrainte sociale est la voie assurée vers l’échec. En dépit de bonnes notes, c’est la motivation qui manquera tôt ou tard.

À cette fin, on ne saura que trop recommander à ces futurs jeunes actifs de s’intéresser de plus près à ceux qui exercent aujourd’hui le métier qu’ils convoitent pour eux demain. À une époque où tout se joue à distance, où tout est désincarné, c’est faire preuve d’audace que de chercher à avoir des infos d’humain à humain, en direct. Pourquoi ne pas motiver nos jeunes à entamer le dialogue avec nous, dirigeants, professionnels de tous niveaux ? Proposons-leur de se servir de leurs outils favoris : le Net, Twitter, Facebook, etc. pour nous ouvrir à leurs questions. Les inviter à nous interroger sur nos activités respectives pourraient leur permettre de se projeter dans leur propre avenir. Bien sûr il existe les stages, mais ils nécessitent des conventions, et avant d’en arriver là, nombre de jeunes se sont déjà engagés vers une orientation professionnelle.

Permettons à notre jeunesse de sortir du cadre en l’engageant à nous parler, à nous poser des questions sur notre quotidien professionnel. C’est leur rendre service que de leur offrir des réponses à leurs questions, et c’est nous rendre service que d’apprendre de leur fraîcheur.

Faisons bouger les lignes, c’est en nous ouvrant à la jeunesse que nous resterons innovants !